Éléments essentiels de l’histoire de l’architecture et de l’évolution des sciences et techniques, les fortifications et le patrimoine militaire témoignent des enjeux de défense de territoire sur le temps long. Comprendre les contextes qui ont présidé au projet et à l’implantation des ouvrages militaires est indispensable pour rendre compte de cette histoire : défense d’habitats et de résidences aristocratiques ou élitaires, défense du duché de Bretagne, défense de l’État royal, impérial puis républicain, défense du Reich allemand durant la Seconde Guerre mondiale avec la construction des bases de sous-marins et du Mur de l’Atlantique et enfin, de la Guerre froide jusqu’à nos jours, défense et projection à l’échelle mondiale par la dissuasion nucléaire.
L’étude d’Inventaire du patrimoine permettra de réaliser un état des lieux des témoignages de l’histoire militaire de la Bretagne, selon la méthodologie d’Inventaire : recensement in situ, études approfondies, porter à connaissance des données produites et actions de restitution. Elle sera conduite dans le cadre de la stratégie de co-construction portée par la Région Bretagne en articulant régie directe et partenariats.
Trois grands axes ont été choisis pour la période 2023-2029 (classés par ordre de priorité) :
- Axe n° 1 : L’étude des bases de sous-marins et des bunkers du Mur de l’Atlantique
Plusieurs milliers de bunkers, répartis dans des centaines d’ensembles fortifiés principalement sur le littoral, ont été construits par l’Allemagne nazie en Bretagne. En 1940, l’Organisation Todt se voit confiée l’implantation de batteries d’artillerie côtière et l’édification de bases renforcées pour accueillir les sous-marins à Brest, Lorient et Saint-Nazaire. A partir de l’automne 1942, c’est la construction de l’Atlantikwall afin d’empêcher une invasion du continent européen depuis la Grande-Bretagne. Le système constructif nazi repose sur l’emploi de plans standardisés pour la construction des bunkers. La défense se concentre d’abord autour des bases navales puis est étendue au littoral tout entier et à l’intérieur des terres. Certains sites ont conservé des traces des bombardements - cratères - comme en Presqu’île de Crozon ou sur l’Île Cézembre à Saint-Malo.
L’étude d’Inventaire porte sur une sélection d’ensembles fortifiés choisis en fonction de leur intérêt historique, technique et scientifique, stratégique (choix d’implantation), typologique, de leur état de conservation , des perspectives de valorisation, voire de réutilisation.
- Axe n° 2 : La mise à jour, l'enrichissement et la valorisation des dossiers d’Inventaire consacrés aux héritages militaires, toutes périodes confondues, issus de précédentes opérations d’Inventaire
Cet axe investira d’abord les sites protégés au titre des Monuments historiques (quelques 200 sites) et se prolongera en fonction de territoires, périodes, thématiques ou opportunités qui se dessineront.
- Axe n° 3 : Les fortifications médiévales et modernes
Le corpus est immense puisque la Bretagne compte environ 250 châteaux forts, une soixantaine de villes "nées à l’ombre d’un château", des centaines de mottes et d’enceintes de terre médiévales. À ces sites médiévaux, on pourrait ajouter des centaines de manoirs fortifiés et des fortifications de l’époque moderne.
Chargé d'études d'Inventaire du patrimoine à la Région Bretagne.