Dossier collectif IA29002287 | Réalisé par
Lécuillier Guillaume
Lécuillier Guillaume

Chargé d'études d'Inventaire du patrimoine à la Région Bretagne.

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  • enquête thématique régionale, Inventaire des héritages militaires en Bretagne
Les Centres d'aviation maritime et les Naval air stations en Bretagne
Copyright
  • (c) Naval History and Heritage Command

Dossier non géolocalisé

  • Dénominations
    base aérienne, cale, château d'eau, édifice logistique, pigeonnier
  • Aires d'études
    Bretagne

Lors de la Première Guerre mondiale, face à la montée de la menace sous-marine allemande en Bretagne, des Centres d’aviation maritime (CAM) sont créés. L’aviation maritime regroupe différentes armes : les avions, les hydravions, les ballons captifs et les ballons dirigeables. Des centres d’aviation maritime pour hydravions sont implantées à Brest-Camaret, Lorient, Tréguier - Plouguiel et enfin à Penzé - Saint-Pol-de-Léon. L’objectif de ces formations aériennes est la surveillance des côtes, l’escorte et la protection des convois maritimes et des caboteurs contre les mines flottantes et les sous-marins.

Après l’entrée en guerre des États-Unis le 6 avril 1917 et l’arrivée des américains dans les ports de Saint-Nazaire et Brest, des Naval air stations pour hydravions (Seaplanes stations) sont implantées sur le littoral breton à Brest-Laninon (Les Quatre-Pompes), l'Île-Tudy, Le Croisic, l'Aber Wrac’h - Énez Terc’h à Plouguerneau et Tréguier. Des Naval air stations pour ballons dirigeables (Dirigible stations) se trouvent à Paimbœuf et Guipavas, tandis que celles de Brest et de La Trinité abritent des ballons captifs (Kite-balloons stations). Ces bases américaines réutilisent des installations françaises ou sont construites ex-nihilo. A partir de l’Armistice, le 11 novembre 1918, elles sont progressivement fermées et déconstruites. 

Cales, slipways, terre-pleins, châteaux d’eau, édicules divers comme des plots de fondation témoignent matériellement de cette histoire en Bretagne. Sans usage et attaqués par l’érosion marine, certains éléments bâtis sont ruiniformes ou désormais réduits à l’état de vestiges comme le slipway de l'Aber Wrac'h. Des postes de défense contre les sous-marins (batteries d’artillerie de côte) sont conservés pointe du château à Plougrescant ou pointe de Saint-Mathieu à Plougonvelin. Dans certains cimetières bretons, des militaires des centres d’aviation maritime ont également été enterrés.

Des photographies illustrent également l’histoire de l’aéronautique navale en Bretagne comme la collection Daniel Dahiot sur le Centre d’aviation maritime de la Penzé à Saint-Pol-de-Léon conservée par les Archives départementales du Finistère ou les collections du Naval History and Heritage Command. Un film du service cinématographique du ministère de la Marine française tourné en 1918 montre la reconstitution d'une alerte sur la côte bretonne où les hydravions du Centre d'aviation maritime de Camaret ont toute leur place dans la défense des côtes avec les batteries d’artillerie du vestibule de Brest. Conservé à la Cinémathèque de Bretagne à Brest, des rushs d’un film de 1918 montre la base américaine de l’Aber-Wrac’h – Énez Terc’h à Plouguerneau. A l’Aber Wrac’h, le souvenir de la base d’hydravions se perpétue par l’appellation locale d’Énez Terc’h : l’Île aux Américains.

Ce dossier d’Inventaire du patrimoine a été créé par la Région Bretagne en septembre 2024 dans le cadre de l'Inventaire des héritages militaires.

Tout enrichissement est le bienvenu.

La création des Centres d’aviation maritime et des Naval air stations en Bretagne à partir de 1917

Les Centres d’aviation maritime

Lors de la Première Guerre mondiale, entre septembre 1916 et décembre 1917, plus de 300 navires de tout type sont coulés en Bretagne. Face à la montée de la menace sous-marine allemande, des Centres d’aviation maritime (CAM) pour des hydravions sont implantées en Bretagne à Brest-Camaret (janvier 1917 - janvier 1919), Lorient (mars 1917 - janvier 1921), Tréguier - Plouguiel (août 1917 - août 1918) et Penzé - Saint-Pol-de-Léon (août 1918 – juillet 1919).

Chaque Centre d’aviation maritime dispose de douze hydravions, puis seize (été 1917), vingt-quatre, voire trente-deux hydravions comme à Camaret. En 1918, une annexe du Centre d’aviation maritime de Camaret est d’ailleurs en construction à Stang Ar Prat (l'Armistice stoppe sa construction). Les hydravions sont armés (une mitrailleuse et deux, voire quatre, grenades anti-sous-marins) et dotés d’un poste de télégraphie sans fil - un poste seulement par section - pour déclencher l’alerte.

L’objectif de ces formations aériennes est la surveillance des côtes (missions de reconnaissance), l’escorte et la protection des convois maritimes et des caboteurs contre les mines flottantes et les sous-marins allemands (Unterseeboote, en abrégé U-Boote). Un Centre d’aviation maritime comme celui de Tréguier assure la protection des convois maritimes des Casquets à l’est (situé au nord-ouest d'Aurigny, dans les îles Anglo-Normandes) à l’Aber Wrac’h à l’ouest.

Des bases secondaires dites "postes de combat" (PC) ou "postes de relâche" (PR) dépendant des centres d’aviation maritime sont implantées à Tréguier (PC, mars - juillet 1917, puis Centre d’aviation maritime), Port-Blanc - Penvénan (PR), Île-de-Bréhat (PR), Ouessant - Baie de Lampaul (PR), l’Île-Tudy (PC, septembre 1917) et Le Croisic (PC - juillet 1917).

L’aviation maritime regroupe d’autres armes que les hydravions : avions, ballons captifs et ballons dirigeables. A partir d’avril 1917, des terrains d’aviation accueillent des escadrilles côtières de l’aéronautique militaire à Quiberon (avril 1917, escadrille V 483), La Baule-Escoublac (1er juin 1917, escadrille V 484), Le Croisic (1er février 1918, escadrille V 484), l’Île d’Yeu (avril 1918, poste de combat de La Baule) et Plomeur dans le Finistère (août 1918, escadrille L 491). Des bases d’aérostation existent aussi à Brest (avril 1917) et à Saint-Nazaire (septembre 1917). Leurs ballons captifs supportant des nacelles d’observation sont tractés en mer par des navires patrouilleurs. A partir de juillet 1917, des ballons dirigeables armés sont également utilisés au départ des bases de Guipavas et de Paimbœuf.

Les Naval air stations

Après l’entrée en guerre des États-Unis le 6 avril 1917, les américains débarquent en Bretagne dans les ports de Saint-Nazaire (26 juin) et de Brest (12 novembre). Une Direction générale de la Guerre Sous-Marine est créée pour coordonner la défense (18 juin).

Des bases françaises d’aviation maritime sont confiées aux États-Unis : pour les ballons captifs et les hydravions, Brest-Laninon (octobre 1917 ; 1918) ; pour les hydravions, le poste de combat de l’Île-Tudy (20 octobre 1917), le poste de combat du Croisic (27 novembre) et le Centre d’aviation maritime de Tréguier (1er août 1918) ; pour les ballons dirigeables, les centres d’aviation maritime de Paimbœuf (1er janvier 1918) et de Guipavas (mars 1918).

Les bases de l’Aber Wrac’h - Énez Terc’h à Plouguerneau pour les hydravions (janvier 1918) et de La Trinité pour les ballons captifs (mars 1918) sont construites ex-nihilo par les américains.

Les Naval air stations sont composés par les Seaplanes stations (station d’hydravion), les Dirigible stations (station de ballon dirigeable) et les Kite-balloons stations (station de ballon captif).

Les zones de patrouille aériennes sont partagées entre les Marines française et américaine.

Bilan de la Guerre sous-marine en Bretagne

Durant la Première Guerre mondiale, l'aviation navale française a participé à 211 attaques contre des sous-marins dont 72 le furent depuis des bases bretonnes (la base de Camaret détient le record avec 41 bombardements par ses hydravions).

L’aviation navale américaine déclare 35 bombardements dont 16 en Bretagne (14 bombardements pour la base de l’Île-Tudy).

L’aviation navale a contribué à diviser par 10 le nombre d’attaque de sous-marins en Bretagne en 1918.

  • Période(s)
    • Principale : 1er quart 20e siècle

Bibliographie

  • LE ROY, Thierry. La Guerre sous-marine en Bretagne. 1914-1918. Victoire de l’Aéronavale. Bannalec, 1990, 254 p.

  • MORAREAU, Lucien. Les aéronefs de l’aviation maritime (1910-1942). Association pour la Recherche de Documentation sur l'Histoire de l'Aéronautique Navale, 2002, 590 p.

  • LE ROY, Thierry. Les Bretons et l’aéronautique des origines à 1939. Rennes : Presses universitaires de Rennes, 2002, 530 pages.

Périodiques

  • WECKERLE, Marion. "Espaces techniques et aéronautiques : hydravions et frontières maritimes, 1910-1918". Cahiers François Viète, III-8, 2020, p 15-50.

  • LE ROY, Thierry. "L'aviation maritime et la lutte contre les sous-marins allemands sur les côtes bretonnes 1917-1918". Société d'archéologie et d'histoire du Pays de Lorient, n° 36, 2007-2008, p. 205-212.

Documents figurés

  • Reproductions numériques de documents conservés hors des Archives du Finistère. 1617-2016.

    Collection Daniel Dahiot. Photographies du Centre d'aviation maritime de la Penzé à Saint-Pol-de-Léon réalisées par le Quartier maître observateur Henri Poussier en 1918.

    Archives départementales du Finistère : 1 Num 7
  • Collections du Naval History and Heritage Command sur les Naval Airs Stations.

    https://www.history.navy.mil/our-collections/photography/wars-and-events/world-war-i/world-war-i-collections/ua-80-02-us-naval-aviation-french-unit-collection.html

    Naval History and Heritage Command

Documents multimédia

  • "Une alerte sur la côte bretonne", film du Service cinématographique, ministère de la Marine française, mars 1918, 6 mn 31 s (Il s'agit d'un exercice d'opération combinée de défense des côtes avec le centre d'aviation maritime de Camaret, les batteries d'artillerie de côte de la rade de Brest et un dirigeable de la Marine contre deux sous-marins. On semble reconnaître : la batterie de 19 cm de Toulbroc'h à 2 mn 48 s, la batterie de 100 mm à tir rapide du Minou à 3 mn 17 s, la batterie de 95 mm Lahitolle du Toulinguet à 3 mn 47, la batterie de 24 cm du Toulinguet à 4 mn 32 s. et une batterie de 95 mm à 6 mn 30).

    https://imagesdefense.gouv.fr/fr/une-alerte-sur-la-cote-bretonne.html

    Etablissement de Communication et de Production Audiovisuelle de la Défense : 14.18 B 343
  • "Patrouille d'hydravions sur l'océan", film du Service cinématographique, ministère de la Marine française, 1918, 10 mn 33 s (Il montre le travail des hydravions du centre d'aviation maritime de Camaret implanté près de la Tour Vauban).

    https://imagesdefense.gouv.fr/fr/patrouille-d-hydravions-sur-l-ocean.html

  • DENIS, Albin. "Les escadrilles françaises de la Grande Guerre et les régiments d'aviation".

    http://albindenis.free.fr/Site_escadrille/presentation.htm

Date(s) d'enquête : 2024; Date(s) de rédaction : 2024
(c) Région Bretagne
Lécuillier Guillaume
Lécuillier Guillaume

Chargé d'études d'Inventaire du patrimoine à la Région Bretagne.

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