L'église de Saint-Aubin-du-Cormier est citée dès 1025 comme une possession de l'abbaye de Saint-Florent de Saumur. D'autres bâtiments religieux proches dépendaient également de cette abbaye ; c'est notamment le cas de l'ancien prieuré de Livré-sur-Changeon. Cette première église de Saint-Aubin-du-Cormier devient paroissiale lors de la création de la ville en 1225 ; les marquis de la Dobiaye en Saint-Jean-sur-Couesnon y possédaient une chapelle prohibitive. Cette église primitive, Saint-Malo-de-Bécherel, située au lieu-dit Bécherel (sud-est du château), est transférée en 1730 dans la chapelle seigneuriale qui se trouvait sur la Place Alexandre Veillard actuelle pour cause de ruine imminente. Cette chapelle seigneuriale était composée d'une simple nef à laquelle deux chapelles avaient été ajoutées au sud. Elle présentait une porte en arc brisé et une rose du 14e siècle ; la fenêtre du chevet possédait un vitrail représentant le Jugement Dernier et datait du début du 16e siècle. Elle était semble-t-il dédiée à Notre-Dame, alors qu'une chapelle Saint-Aubin construite dans les années 1430 se trouvait dans l'enceinte même du château. La tour qui se trouve toujours actuellement sur la Place Alexandre Veillard a été édifiée en 1764, peu de temps après la conversion de la chapelle seigneuriale en église paroissiale. Elle était située au sud de la nef et remplaçait l'ancien clocher tombé en ruines. Cette tour servait probablement de clocher à l'église qui a été détruite peu de temps après la construction d'un nouvel édifice religieux un peu plus au nord. Cette tour a ensuite été convertie en beffroi. Le presbytère se trouvait au 17e siècle au lieu-dit Bécherel, sur sa porte, étaient gravées la date de 1680 ainsi que les armoiries du roi. L'église actuelle a été reconstruite entre 1899 et 1902 par l'entrepreneur Richer sur les plans de Henri Mellet. Cet architecte, natif de Vitré, a construit de nombreux édifices religieux dans le département à la fin du 19e siècle (chapelle de la Peinière, église de Janzé, église de Saint-Etienne-en-Coglès, église Saint-Martin de Vitré...). Cette église a été reconstruite à quelques mètres au nord de l'ancienne, qui était devenue trop petite. Le cabinet Mellet présente les premiers plans en 1889. L'église, de style romano-byzantin, est bénie le 21 décembre 1902. Le propre de l'architecture du cabinet Mellet est de faire référence à de multiples styles architecturaux du passé ; cette église illustre cette habitude car, on y retrouve des sortes de tourillons en façade sud qui font référence au style roman poitevin ou encore, sur la même façade, un fronton triangulaire orné de modillons qui rappelle l'architecture néo-classique du début du 19e siècle. Par ailleurs, l'abside est percée de fenêtres en plein cintre qui évoquent également l'art roman, alors que l'intérieur est couvert des voûtes sur croisées d'ogives si caractéristiques de l'architecture religieuse gothique. Le chevet de cette église est très comparable à celui de l'église paroissiale Saint-Etienne de Saint-Etienne-en-Coglès réalisée par le même cabinet d'architectes. Cet édifice n'est pas orienté, au contraire des autres églises qui possèdent généralement un choeur à l'est, tourné vers la ville sainte de Jérusalem. Il est logique d'imaginer que la reconstruction d'un tel édifice en milieu urbain au début du 20e siècle soit la cause de cette "désorientation". L'édifice est précédé d'un perron dont les marches sont composées de réemplois d'anciennes pierres tombales. Le mobilier est contemporain de la construction de l'église sauf quelques rares éléments qui sont plus anciens que l'édifice ; comme l'orgue situé dans le bras ouest du transept. Le maître-autel a été donné en 1902 par le Père Jean-Evangéliste-Marie DUVER, curé de Saint-Germain de Rennes. Il est également le commanditaire de la chapelle Saint-Denis construite à la fin du 19e siècle dans le cimetière.
(Sabrina Dalibard, inventaire préliminaire, 2011)
Photographe à l'Inventaire