Époque de construction et évolution des constructions:
La construction de l'enceinte urbaine de Vitré a commençé au 13e siècle, vraisemblablement entre 1220 et 1240. Elle est implantée sur un éperon rocheux en schiste dominant la Vilaine. Celle-ci fit du bourg Notre-Dame la ville forte de Vitré.
Des reconstructions et des réparations ont été entreprises à la fin de la guerre de Cent Ans, au cours du 15e siècle, afin de renforcer les défenses de la ville, face à l’imminence du conflit entre la Bretagne et la France. Les altérations causées par les guerres de religion ont nécessité des remaniements sur certaines parties des remparts, tels que la réfection des maçonneries en parties hautes. Ce chantier s'est caractérisé par l'utilisation de blocs de grès clairs à l'assise régulière.
Au début du 17e siècle la signature d'actes d'afféagement, entre les seigneurs de la ville et les habitants, autorisa la location d'une partie des remparts, qui avaient perdu ses fonctions défensives à la fin des guerres de religion. Cette décision a conduit à la construction de nombreux bâtiments accolés à l'enceinte.
Les 19e et 20e siècles furent des siècles de transformations importantes. Les aménagements de confort s’immiscent progressivement dans les bâtiments.
Ainsi, malgré un appauvrissement des fortifications au cours des siècles, l'emprise au sol de celles-ci reste inchangée. Alors que l'on compte dix-sept tours sur le cadastre de 1811, il n’en reste aujourd'hui que huit, dont quatre d'entre elles se trouvent sur des propriétés privées situées sur la place du Marchix. Il s'agit de la tour Rompue, appelée aussi tour de la Fresnaye, et de la tour du Géomètre au n°5, de la tour Doré au n°7 et de la tour des Prisonniers au n°9.
La tour sur la propriété n°5, au tournant des fronts nord et est, est une tour carrée de construction moderne venue remplacer et consolider les ruines de la tour de la Fresnaye, dont on peut encore voir les arrachements en schiste noir du 13ème siècle sur les flancs est et ouest. Le plan de 1711 indique que la tour était restée béante après les dommages causés par les troupes du duc de Mercoeur (fin du siège le 14 août 1589). Le mur de forme rectangulaire, consolidant la tour, a vraisemblablement été édifié au 19ème siècle, entre 1811 et 1843, comme le montre le cadastre de 1811 et le plan d'alignement de 1843.
Aujourd'hui la tour est entièrement comblée.
La tour des prisonniers a été inscrite au titre des Monuments Historiques en 1972 et a, par la suite, bénéficié de restaurations. Au 19e siècle, elle devient l'annexe d'une demeure particulière. Ces fonctions successives ont modifié l'aspect de ses parties hautes. Aujourd'hui, différentes constructions s'y sont greffées, formant une masse qui gène la lisibilité et absorbe totalement le rempart.
Il se peut que ces différents ajouts aient permis une excellente conservation de ces fortifications. Selon les critères philippiens du 13e siècle l'enceinte urbaine de Vitré est la plus représentative de la construction militaire en Bretagne. Le front est en témoigne par son bon état de conservation :
-La séparation d'une trentaine de mètres entre chaque tour est un dispositif caractéristique du système défensif au Moyen-Age.
-Les tours, de forme hémisphérique, ont un diamètre de 6 à 8,5m. Leurs murs mesurent 2m d'épaisseur environs.
-Les bases sont talutées.
-Des archères sont disposées en quinconce sur plusieurs niveaux.
-Un chemin de ronde en bois (hourd) couvrait probablement le haut des murs.
De manière générale, les parties hautes des fortifications ont été les plus remaniées. Par ailleurs, le château et l'enceinte urbaine ont subi les effets du temps, mais aussi les interventions de leurs nouveaux propriétaires civils, lorsque les fortifications ont perdu leur fonction défensive.
Cet historique s’appuie essentiellement sur la maitrise d'histoire de Josiane Caillebot-Quittot : Les remparts de Vitré : étude archéologique et patrimoniale, maitrise d'histoire sous la direction de Daniel Leloup, Université Rennes 2, juin 2000.