Époque de construction :
Bien que peu d'éléments nous permettent de formuler une hypothèse quant à la datation du bâtiment, il semble qu'il ait été construit dans le courant du 18e siècle, probablement au milieu de ce siècle. Des lambris et des décors de cheminées de style Louis XV, décorant les pièces du premier niveau (le deuxième niveau n'a pas été visité), permettent d'avancer cette hypothèse. En particulier la pièce sud-ouest dont les murs, couverts de boiseries aux lignes courbes, forment un galbe pour l'espace accueillant la cheminée. La hotte de cheminée s'intégrant aux boiseries, présente sur ses piédroits des entrelacs de végétaux. Un miroir, surmonté d'un décor peint, habille davantage la hotte. Ce tableau est une copie d'une scène de François Boucher ("Pensent-il au raisin", 1747), l'un des maîtres du rococo. De même le linteau de la cheminée se tord d'un galbe sur le plan vertical et horizontal. L'ensemble, linteau et jambages, sont couverts de végétaux. Les entrelacs de végétaux, les lignes courbes et les miroirs surmontant la tablette de cheminée se retrouvent dans les deux autres pièces. Une "scène galante", caractéristique de la première moitié du 18e siècle pare la hotte de la pièce sud-est.
La distribution des pièces, desservies par un même couloir, interdit une datation plus ancienne. Seule la charpente aux fermes rapprochées, assemblées à tenons et mortaises et les carreaux de terre cuite, de taille réduite, pourraient contrecarrer cette hypothèse. En effet il est difficile de dater le bâtiment de la première moitié du 16e siècle en se basant uniquement sur ces éléments. D'autant que l'on ne trouve pas d'échantignoles taillées sur les arbalétriers, présents dans les habitations de la place, datées de cette époque.
Évolution du bâtiment :
Certains éléments laissent à penser que le bâtiment aurait subit de nombreuses transformations à la limite du 18e et du 19e siècle. D'une part, les boiseries et les cheminées du rez-de-chaussée présentent des lignes courbes et une sobriété, contrastant avec l'étage. Les corniches et frises des pièces sud-ouest et nord-ouest sont de style néoclassique, reprenant des motifs caractéristiques de ce courant artistique : triglyphes et modillons, feuilles d'acanthe et cannelures. Il est fréquent que les pièces d'apparat, qui sont des pièces de réception et donc de représentation, soient adaptées à la mode de l'époque. Ce n'est pas le cas des étages.
De plus, il semble que la partie ouest du bâtiment ait été prolongée à cette époque. Du moins, avant la réalisation du cadastre napoléonien de 1811, dans la mesure où la façade ouest est alignée aux bâtiments au sud de l'îlot. Ainsi la cave, logée sous l'habitation, s'arrête quelques mètres avant la façade ouest actuelle. Enfin les ouvertures des façades est et ouest ne sont pas identiques. Elles sont couvertes de linteaux droits à l'est et d'arcs segmentaires, utilisés dans la seconde moitié du 18e siècle et jusqu'aux années 1830-1840, à l'ouest. La pièce sud-ouest a probablement été ajoutée à cette occasion. Elle correspond aux désirs d'intimité et de confort du 19e siècle.
L'escalier suspendu à limon porteur et balustres en fer appartiendrait à ce réaménagement.
D'importantes modifications auraient été apportées au 20e siècle. Elles concerneraient le puits de lumière éclairant l'escalier et la construction des bâtiments accolés à la façade est du corps de logis et du n°5 bis. Ils n'apparaissaient pas sur le cadastre de 1811 et sont bâtis avec des matériaux contemporains. L'aménagement du rez-de-chaussée du n°5 bis en arrière cuisine et en garage, auquel on accède par la cuisine du n°7. L'accès à la cave du n°5 bis se fait depuis le garage. Elle ne couvre que la moitié nord de cette propriété et semble être plus ancienne que celle du n°7.