L'emprise du lotissement Saint-Symphorien au sud de la gare concerne la prairie Saint-Symphorien, siège d´une des plus importantes foires vannetaises, située entre le cimetière de Boismoreau et l´avenue Saint-Symphorien. A partir de 1879, Henri Ducroquet, associé à Yves-Marie Guérin et Achille Martine, y achète pendant une dizaine d´années de nombreuses parcelles de terrain. En 1888, les trois promoteurs signent avec la ville une convention d´ouverture de deux rues, les rues Olivier de Clisson et Audren de Kerdrel. L´acte notarié stipule que «les trois parties contractantes s´engagent à ouvrir tant sur les terrains qui leur appartiennent privativement que sur ceux qu´ils ont acquis en commun, une rue de douze mètres de largeur, allant de l´avenue Saint-Symphorien à l´entrée de la gare de Vannes, ainsi qu´une rue transversale de dix mètres de largeur, s´embranchant sur la première, dans la direction du mur du fond du cimetière. (...). Chacune des parties prend l´engagement de céder à la Ville, si celle-ci vient à la classer comme chemin vicinal, le chemin lui appartenant soit privativement, soit par indivis.»
C´est seulement en 1896 que ces deux rues sont classées dans la voirie urbaine. Entre temps, une nouvelle voie, la rue Abel Leroy, est percée en 1890 pour desservir la partie nord du lotissement. Son prolongement en bordure du nouveau champ du cimetière cédé à la ville par Achille Martine en 1899 intervient à cette date.
Plus au nord, la rue du commandant Marchand sera ouverte vers 1898, pour la desserte du lotissement voulu par le notaire Lalau-Dézautté, sur son terrain situé dans la partie est de la rue.
Le cas de la rue du capitaine Labordette est un peu différent puisque non prévue dans le schéma d´origine : la partie médiane de ce chemin rural est régularisée après la construction à la fin du XIXe siècle de maisons sur ses rives. Cédée à la ville en 1912 par Achille Martine à la suite d´une pétition des habitants, c´est seulement en 1932 qu´elle sera classée en voie urbaine. L´ancien chemin a disparu et seule sa partie sud est encore visible dans le parcellaire actuel.
La construction dans le lotissement débuta lentement : le plan Léchard de 1897 montre de rares maisons au bas de la rue Olivier de Clisson et sur la rue Audren de Kerdrel. Puis, elle s´accélère au tournant du siècle, en résolution probable d´une crise du logement. Le recensement de 1906 compte « 260 chefs de famille ». La largeur de la rue de Clisson autorise des maisons de taille plus imposante que sur les axes secondaires, ainsi que quelques immeubles locatifs. Il faut aussi s´imaginer nombre de petits commerces aujourd´hui disparus. La construction de l´école Germaine de Staël en 1909, détruite en 2000, est également une conséquence du nouvel afflux de population.
Géomètre, architecte