Dossier d’œuvre objet IM22025206 | Réalisé par
Turck Shantty (Contributeur)
Turck Shantty

doctorante en Histoire, Tempora, université Rennes 2 et université de Lorraine

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  • enquête thématique départementale, Inventaire des bannières d'Ancien Régime conservées dans le département des Côtes-d'Armor
Bannière : Assomption, Crucifixion, église paroissiale Notre-Dame (Bringolo), Eglise Paroissiale Notre-Dame (Bringolo)
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Côtes-d'Armor
  • Commune Bringolo
  • Dénominations
    bannière de procession
  • Titres
    • Assomption de la Vierge
    • Crucifixion

Le 8 avril 2024, un incendie a ravagé l'église Notre-Dame de Bringolo ainsi que les objets conservés dont la "grande bannière" du 17e siècle qui était une véritable œuvre d'art en broderie.

Sa présence est attestée dans les comptes de l'église Notre-Dame de Bringolo dans les années 1771 et 1777. En 1771, Alain Mobuchou, le maréchal, intervient sur les clavures (clefs et serrures) de "la grande bannière" puis en 1777, Laurent Couesain intervient plusieurs fois pour raccommoder les bannières et certains éléments du vestiaire liturgique. Elle n'était donc pas la seule bannière mais probablement la plus grande. Les comptes des trésoriers de l'église, conservés aux archives départementales des Côtes-d'Armor, couvrent uniquement la période 1765-1790, ce qui laisse peu de visibilité sur la période antérieure. Cependant, les frais d'entretien la concernant ainsi que ceux liés aux pardons du Merzer et de Goudelin, auxquels participe le village de Bringolo, atteste de son importance dans la vie sociale et religieuse de l'époque.

Bringolo qui était une trève (succursale) de la paroisse de Goudelin, au sein de l’évêché de Tréguier avait un budget restreinte et limité à la gestion des biens de l’église. Cependant les dons de bannières étaient une pratique courante à l'époque moderne. Ainsi, un des membres d'une famille aristocrate locale a pu faire don de cette bannière. On peut penser aux familles de Tréveneur et de Kergariou du château de la Grandville.

Il faut noter que René Couffon lors de son inventaire des églises des Côtes-d'Armor, dans les années 1939-1947, ne mentionne pas la bannière de Bringolo, bien qu'il étudia l'église. Son absence lors de sa visite était probablement due à un déplacement temporaire au presbytère ou dans un atelier de restauration.

  • Période(s)
    • Principale : 2e moitié 17e siècle

L'ancienne bannière de l'église Notre-Dame de Bringolo était composée de deux tableaux en broderie représentant sur l'avers, la scène de la Crucifixion avec la Vierge et saint Jean et sur l'envers, l'Assomption de la Vierge.

D'un point de vue iconographique, la représentation de la Crucifixion est assez classique, telle qu'elle se retrouve sur les bannières de Locquénolé, Plouguerneau et Plougourvest. Mais d'un point de vue technique, des variantes importantes dans le travail de broderie attestent bien d'une transposition particulière à partir de modèles communs au sein du milieu professionnel des brodeurs.

La représentation de l'Assomption de la Vierge est plus exceptionnelle car l'artiste brodeur s'est inspiré d'un tableau de Nicolas Poussin, peint en 1650, "l'Assomption de la Vierge", aujourd’hui conservé au musée du Louvre. Très vite transposée en gravure, notamment par Jean Pesne et Jean Duguet dont nous conservons des œuvres (voir liens web), "l'Assomption" de N. Poussin se répandit rapidement par les réseaux des diffuseurs d'art du 17e siècle, marchands d'estampes et merciers principalement. Deux autres bannières conservées en Bretagne représentent cette même "Assomption", celles des églises de Hengoat et de Locquénolé dans le Finistère. Ces bannières diffèrent l'une de l'autre dans le traitement en broderie des vêtements, des corps ou des motifs, mais les traits et la composition sont similaires. Cette différence dans la transposition nous permet de conclure au fait qu'elles ne sortent pas obligatoirement du même atelier, bien que le modèle est commun.

D'un point de vue technique, la bannière est un tableau d'arts textiles : la scène centrale entièrement brodée est présentée dans un encadrement également brodé. Différentes techniques de broderie sont employées utilisant des fils de laine, de lin, de soie et de métal. Une des techniques les plus caractéristiques des bannières à l'époque moderne, est la technique de la couchure concentrique que l'on retrouve sur l'envers, figurant l'Assomption. Cette technique de broderie consiste à poser sur l'étoffe plusieurs brins de fils, filés ou cordonnets (ici 3 brins), cousus à plat avec du fil (ici du fil de lin) formant alors losanges, écailles ou chevrons. Employée pour figurer les nuages, cette technique accentue l'envolée des putti accompagnant la Vierge aux cieux.

La bannière a subi plusieurs modifications depuis sa fabrication à la fin du 17e siècle. Le lambrequin, habituellement brodé, est constitué ici de 5 festons recouverts d'un tissu uni et frangés de fils métalliques. L'encadrement, en broderie métallique sur velours, ressemble davantage à un travail de la fin du 18esiècle et du début du 19e siècle. Les visages et les parties carnées ont été refaits à plusieurs reprises. A l'origine brodées, ces parties ont été recouvertes de toiles peintes (voir photographie en noir et blanc du service des CAOA) jusqu'à sa restauration en 1993, puis recouverts de tissus couleur chair.

Les dernières photographies prises en 2021 laissent apparaître une œuvre encore magistrale, en bon état de conservation malgré ses différentes restaurations.

  • Catégories
    broderie, passementerie, tissu
  • Structures
    • double face
  • Matériaux
    • soie, brodé
    • laine, brodé
    • fil métal, brodé
    • lin, brodé
  • Mesures
    • h : 150 cm
    • la : 120 cm
  • Précision dimensions

    Mesures prises lors de sa protection en tant qu'objet Monument historique, probablement sans le lambrequin.

  • Iconographies
    • CHRIST EN CROIX, VIERGE, SAINT JEAN
    • ASSOMPTION
  • État de conservation
    • oeuvre brûlée
    • oeuvre restaurée
  • Précision état de conservation

    La bannière a brûlé lors de l'incendie de l'église, survenu le 8 avril 2024.

    Suite à sa protection en 1992, une restauration professionnelle avait été réalisée en 1993 par l'atelier de Patricia Hood mais des interventions antérieures étaient déjà notoires.

  • Statut de la propriété
    propriété de la commune
  • Intérêt de l'œuvre
    À signaler
  • Protections
    classé au titre objet, 1992
  • Référence MH

Documents d'archives

  • oui

Bibliographie

  • TURCK, Shantty, Les bannières d'Ancien Régime des Côtes-d'Armor- Un patrimoine textile, une source pour l'histoire, Rapport pour le Ministère de la Culture, non publié, 2023.

    Région Bretagne (Service de l'Inventaire du patrimoine culturel) : OM Rel
    oui
  • [Exposition. Ploëzal, Château de la Roche-Jagu, 1991]. Trésors secrets des Côtes-d'Armor : 1000 ans d'Art et d'Histoire. Saint-Brieuc : Conseil général des Côtes-d'Armor, 1991.

    Région Bretagne (Service de l'Inventaire du patrimoine culturel) : 22 G / ART G / OM G
  • HERMELIN GUILLOU, Christiane, Les bannières de Basse-Bretagne, Quimper, Société des amis de Louis Le Guennec, 2012

    Bibliothèque des Champs Libres (Rennes) : 746 HER
  • Couffon, René, Répertoire des églises et chapelles du diocèse de St Brieuc et Tréguier. 4. , Additions et corrections, 1947.

    Bibliothèque des Champs Libres (Rennes) : 254045/25 FB
Date(s) d'enquête : 2021; Date(s) de rédaction : 2024
(c) Région Bretagne
(c) Shantty Turck
Turck Shantty
Turck Shantty

doctorante en Histoire, Tempora, université Rennes 2 et université de Lorraine

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