La cathédrale de Saint-Pol-de-Léon abrite deux ensembles de stalles aujourd´hui bien différenciés. On a cru, en effet, pendant longtemps, que les six stalles se trouvant au fond du choeur appartenaient à l´ensemble de soixante-six stalles toujours conservé à Saint-Pol et qu´il s´agissait des stalles en retour supprimées au milieu du XIXe siècle, lors de travaux de réaménagement du choeur.
En fait, un examen des sculptures et du bois indique très clairement que cela est impossible. D´une part le bois utilisé est d´une essence différente (probablement du bouleau) et d´autre part ces stalles sont plus petites que les soixante-six autres stalles de la cathédrale de Saint-Pol. Leur histoire est par ailleurs assez difficile. Elles auraient ainsi fait partie des fonds du château de Kerjean à Saint-Vougay. Les fiches des Monuments Historiques indiquent qu'elles proviendraient en fait du château de Trévarez, dans le centre Finistère, et qu'elles auraient rejoint Kerjean à la fin des années 1960. Elles auraient finalement été transportées à Saint-Pol-de-Léon en 1988.
Il semble ces stalles ne faisaient pas partie d´un ensemble plus important, comme l´indique l´absence de rainure sur les jouées. La présence d´armoiries, malheureusement bûchées, sur tous les dorsaux pourrait indiquer qu´elles proviennent d´une chapelle seigneuriale. La sculpture abondante mêle des éléments décoratifs caractéristiques du début du XVIe siècle : tête de Maure, buveur à la barrique, grylle, végétaux, acrobate, saint Roch, sainte Marguerite, sainte Catherine d´Alexandrie. Les visages ont un traitement particulier qui fait penser aux ateliers de Tréguier. Les pommettes sont hautes, les pupilles creusées, les visages pleins et les fronts barrés d´un léger sillon en V. Néanmoins, le style diffère de celui des ateliers trégorrois (et surtout de la sculpture de Gérard Dru) dans le travail des appuie-main, des vêtements et des cheveux.