Dossier d’œuvre architecture IA22133563 | Réalisé par
  • enquête thématique régionale, Inventaire du patrimoine du port de Lannion
Le port de Lannion
Œuvre étudiée
Copyright
  • (c) Association pour la Recherche et la Sauvegarde des Sites Archéologiques du Trégor

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Lannion - Lannion
  • Commune Lannion
  • Dénominations
    port

Situé au fond de l’une des nombreuses échancrures côtières du nord de la Bretagne qui ont favorisé le développement des échanges maritimes, Lannion s’est installée aux 9e et 10e siècles, près du gué du Léguer antérieur à l’époque romaine et s’accroît, dès le Moyen Âge, en profitant de la fonction primitive de port à l’embouchure de la rivière, au Yaudet, qui peu à peu s’est transférée vers l’intérieur de l’estuaire. La ville se développe grâce au commerce des produits qui transitent par voie maritime et fluviale. Le cabotage profite aux activités agricoles, artisanales et à l’installation d’une bourgeoisie « de robe ». Le port connaît ses premières transformations au 17e siècle par la construction de quais, puis au 19e siècle en raison de l’évolution du tonnage des bateaux, jusqu’à l’abandon de la navigation sur le Léguer à la fin du 20e siècle.

Dix siècles d’histoire du port de Lannion, un port d’échouage de fond d’estuaire, situé sur le Léguer,  à 6 km à vol d’oiseau en amont de son embouchure sur la Manche.

Le promontoire rocheux du Yaudet (Vetus Civitas à l’époque des Romains) habité par les hommes depuis des temps très anciens (environ 10 000 ans probablement), domine l’embouchure du Léguer, sur sa rive gauche. Un premier havre de l’époque gauloise connaît ensuite l’occupation romaine.

A cette époque, vers les 3e et 4e siècles, un gué situé dans l’estuaire permet le passage d’une voie romaine menant vers la côte nord de la Manche.

En aval, près d’un autre gué, au lieu-dit Kermaria, un lieu de vie a sans doute existé au regard des traces archéologiques découvertes (d’après Pierre Rolland Giot).

Le Yaudet perd de son importance à partir du 10e siècle. L’évolution du niveau de la mer permet aux navires de remonter le Léguer jusqu’au niveau de l’actuel port de Lannion, après le 9e siècle.

Au cours du 12e siècle, nous avons la connaissance de la bulle du Pape Alexandre III de 1163 citant le prieuré de Kermaria an Draou, une possession religieuse de l’abbaye de Saint-Jacut dédiée à Marie an Draou (de la vallée). Un pont de bois jouxte ce prieuré, sur le gué antique.

En aval de ce pont et au confluent du ruisseau des Buttes (le Stanco), une motte castrale sera érigée. En contrebas une petite cité apparaît avec un port d’échouage.

La ville de Lannion, naît au confluent du Léguer et de deux de ses affluents, les ruisseaux des Buttes et du Min Ran. Des embarcations remontent le Léguer jusqu’à son havre.

Au Moyen Âge (entre les 12e et 15e siècles), Le Duché de Bretagne développe une activité économique croissante nécessitant de nombreux travaux d’aménagements des infrastructures portuaires.

En 1356, la construction en bois du « Pont Léguer » (Pont de Sainte-Anne) établit la communication entre la rive droite, où le couvent des Augustins est fondé en 1364, et le quartier de Kerampont (Ker an pont : la ville ou le quartier du pont). A partir du 14e siècle le port évolue en se développant sur la rive droite alors que les marais l’en empêchent sur la rive gauche jusqu’au 18e siècle.

Au 15e siècle, des quais, des estacades en bois, des cales, des pieux d’amarrage améliorent le fonctionnement du port. Par ailleurs, en 1484, quelques armateurs et capitaines lannionnais se réunissent pour dresser les statuts complets de la confrérie de Saint-Nicolas. Une telle création témoigne de la prospérité du commerce maritime à cette époque, ainsi que de la puissance des mariniers et des marchands. Tous les statuts de cette nouvelle confrérie se trouvent dans un manuscrit conservé à la médiathèque de Lannion. Ils donnent de nombreux renseignements sur l'histoire maritime. Voir en annexe la transcription intégrale du texte de ce manuscrit.

Aux siècles suivants, les grands chantiers d’aménagement au cœur de ville sont entrepris. On en conserve la trace patrimoniale aujourd’hui.

En 1600 on construit un quai vertical rectiligne de 200m rive droite, entre la venelle de l’Enfer et le Stanco.

Puis au 18e siècle les principales transformations s’engagent :

- 1750/1753 l’anse de Viarmes est équipée d’un pont, sur le ruisseau du Stanco, des quais et un terre-plein boisé, « le quai Planté ».

- 1762/1786, le quai d’Aiguillon est réalisé, équipé de cales dont une cale double. Les aires portuaires augmentent très sensiblement.

A la fin du 18e siècle et au 19e siècle, l’aménagement de la rive droite se poursuit :

On crée une Corderie et un quai (1787) qui conditionne la nouvelle activité. Plus tard, en aval, un chemin de halage est tracé (1825-1875) pour aider à la remontée des bateaux vers le port.

L’anse de Viarmes est un lieu d’activité intense avec le commerce des engrais marins (sable et goémon) et la construction navale. Au 19e siècle, une passerelle coulissante permet le passage des piétons entre le quai Planté et le quai de Viarmes. La construction du quai de Viarmes (1847/1848), lors du redressement du chenal du Léguer, rejoint celui de la Corderie.

Un nouveau pont Sainte-Anne est édifié en pierre de 1846 à 1853.

Au 20e siècle, le transport ferroviaire et l’arrivée de l’automobile accroissent le commerce. Des activités artisanales se développent.

Après la Grande Guerre on dénomme les quais, Foch en rive gauche et Joffre en rive droite. Une voie ferrée relie la gare de chemins de fer de Lannion au quai rive gauche qu’on transforme en quai vertical pour l’appontement des bateaux.

En aval, le quai à sable de Loguivy est réhaussé et agrandi.

Après la Seconde Guerre mondiale, l’activité du port décline.

En 1965-1966, le comblement de l’anse de Viarmes débouche sur la création du parking automobile de Günsburg.

Dans les années 1970, un nouveau pont de Viarmes permet aux voitures de traverser le Léguer en direction de Morlaix et facilite, intramuros, la circulation entre les deux rives.

Dès lors l’accès des bateaux au quai d’Aiguillon est supprimé.

Le cabotage international cesse à partir de 1972.

L’année 1995 sonne la fin du commerce maritime à Lannion.

Une nouvelle activité est apparue pour les loisirs avec la navigation de plaisance. Des aires de mouillages et des cales d’accès au Léguer, sont créées à Beg-Hent et Pors-Nevez.

Alors que le tourisme se développe sur la Côte de Granit rose, aucune brochure n'évoque Lannion et ses plages toutes proches. Charles Barré, avocat lannionnais (1866-1937) défenseur acharné de la nature et de sa région, décida d'écrire un guide touristique intitulé "Eventail & gerbe de plages bretonnes des côtes Lannionnaises" 1900-1903. C'est un carnet illustré de nombreux dessins et de plans détaillés qu'il a lui-même réalisé. Ce carnet a été édité intégralement par André Le Person en mars 2019.

Quatre illustrations sur le port en sont extraites : un plan de Lannion et de ses faubourgs vers 1900, et trois autres dessins représentant les rives et les quais.

  • Statut de la propriété
    propriété de la commune

Documents d'archives

  • AP ARSSAT. Tirés à part : 402. Etude sur Lannion. PINOT, Jean-Pierre, 1970.

    Association pour la Recherche et la Sauvegarde des Sites Archéologiques du Trégor - ARSSAT (Lannion) : Tirés à part : 402
  • AP ARSSAT. 932. Lannion - Lannuon, Ville et territoire, Etude d'une ville historique. DOS SANTOS, Emmanuel, PLATERO, Alba, 2015.

    Association pour la Recherche et la Sauvegarde des Sites Archéologiques du Trégor - ARSSAT (Lannion) : 932

Bibliographie

  • LE PERSON, André, Lannion, un port sur le Léguer, Editions La Plomée, Guingamp, 2004

  • PINOT, Jean-Pierre, Brève histoire de Lannion, Lannion, 2001

  • LA HAYE, Pierre de. BRIAND, Yves. Histoire de Lannion : des origines au XIXème siècle. Paris, Le Livre d´histoire, Monographies des villes et villages de France, 1974, 229 pages.

  • LE NEPVOU DE CARFORT, Adolphe, Notice historique sur Lannion et ses environs, Paris, Le Livre d´histoire, Monographies des villes et villages de France, 2004

  • ROIGNANT, Jacques, Le quartier maritime de Lannion, contribution à l'histoire des pêches en baie de Lannion, Editions Nature et Bretagne, Spézet, 1992, ISBN 2-852570-14-9

  • LE PERSON, André, Charles Barré. Eventail & gerbe de plages bretonnes des côtes lannionnaises, Lannion, 2019, ISBN 979-10-699-3527-3.

Annexes

  • Les Statuz de la fraerie Monseigneur Sainct-Nicolas de Lannyon
Date(s) d'enquête : 2022; Date(s) de rédaction : 2022
(c) Association pour la Recherche et la Sauvegarde des Sites Archéologiques du Trégor
(c) Région Bretagne