Le percement de l'avenue Roosevelt, ancienne route puis route d'Auray, résulte de la régularisation du tracé de chemins ruraux par l' ingénieur des Ponts-et-chaussées Detaille de Keroyant dans la 2e moitié du 18e siècle : son plan de la traverse de vannes est conservé dans le fonds de l'Intendance à Rennes. Cependant, située en dehors de la ville ancienne, l'avenue Roosevelt resta vierge de toute construction jusqu'à la fin du 19e siècle, époque où intervint l'édification de l'Ecole Normale d'Instituteurs en 1882 et du réservoir d'eau potable en 1894.
L´avenue Roosevelt est constitué de maisons dont beaucoup, sans doute parmi les premières construites sur la rue, sont en retrait sur un jardin ou plutôt une petite cour, le jardin proprement dit occupant le fond de la parcelle. Cette distance créée entre l´habitation et la rue, la présence de quelques dépendances isolées (aux n°14, 16 et 20), la non mitoyenneté de certains édifices (n°25, 4, 14, 16, 20, par exemple) leur donne un statut de maison de villégiature, dans la lignée de celles construites en bordure de mer (La Trinité, Quiberon, pour ne citer que les stations morbihannaises) ou dans les banlieues parisiennes, telles (toute proportions gardées) celles du Vésinet. Les meilleurs architectes vannetais ont attaché leur nom à certaines de ces maisons : ainsi Edmond Gemain pour deux maisons jumelles de rapport aux 28 et 30 de la rue, ainsi que le n°22, Caubert de Cléry pour l´exceptionnelle maison au n°20, ou encore la maison au n°8.
Ces maisons sont également fortement marquées sur le plan architectural. On y note la présence de nombreux corps en hors-oeuvre ou en avancée, abritant éventuellement un escalier, et couvert de toitures individualisées : croupes, toit en pavillon ou encore demi-croupe sur le corps principal. Ces éléments conjoints créent une monumentalisation de l´édifice mais également de la rue.
L´avenue Roosevelt est la seule rue ou entrée de Vannes qui conserve un tel caractère monumental. Même si la construction d´un immeuble moderne dans les années 70 au sud du réservoir a partiellement rompu le caractère unitaire de la rue, ce dernier reste très homogène : il est opportun de ne pas rompre cette unité en particulier dans l´îlot absolument intact dans lequel s´insère le réservoir.
Chargée d'études à l'Inventaire