La pratique qui consiste à parer les statues de Vierge de véritables habits en tissu remonte au Moyen Âge et était autrefois répandue dans toute l'Europe. Les trois manteaux conservés dans la chapelle Notre-Dame du Crann, qui datent du 20e siècle, témoignent de la survivance d'une telle tradition en Bretagne jusqu'à l'époque contemporaine. Des photographies du siècle dernier montrent ainsi la statue de Notre-Dame du Crann, revêtue d'un manteau lors de la procession du pardon reliant la chapelle à l'église paroissiale.
Le bulletin paroissial de juillet 1955 nous apprend que ce même jour du pardon, la statue ainsi parée est exposée toute la matinée dans la chapelle : "Ces pèlerins ne se contentaient pas d’admirer : ils étaient venus aussi prier, et devant la Vierge, descendue de son trône, placée au milieu du sanctuaire, revêtue d’un beau manteau de brocart, ils s’agenouillaient pour offrir à la Mère de Dieu leurs « Ave Maria » et leurs cierges. Beaucoup, pour respecter la tradition plusieurs fois centenaire sans doute, contournaient trois fois la statue et baisaient le manteau de la Sainte Patronne".
Ces manteaux ne sont plus utilisés aujourd'hui mais ils ont été placés dans une vitrine par l'Association de Sauvegarde du Patrimoine spézetois dans une démarche de conservation et de valorisation qui met en avant l'intérêt historique et culturel de tels objets.
En 2006, après sa restauration, on cesse de porter la statue de Notre-Dame du Crann. On lui substitue alors dans la procession une autre statue de Vierge, habituellement conservée dans la chapelle de Kerhaliou (information donnée par Mme Claire Arlaux de l'Association de Sauvegarde du Patrimoine spézetois), que l'on continue à revêtir d'un manteau jusqu'à l'abandon de la pratique processionnelle en 2016.
Chargée d'études à l'Inventaire