Les premiers projets d'aménagement de ce secteur, délimité par la voie ferrée, sont liés à la création d'un boulevard circulaire destiné à relier les abattoirs à la route de Saint-Malo, dont le tracé définitif est adopté en 1872. Le plan de 1877 montre qu'il est partiellement inscrit dans celui des chemins ruraux qui desservaient les exploitations agricoles. Il relie l'ancienne route de Brest à la route de Saint-Malo, traversant des terres appartenant à Thomas de la Plesse et au Comte de Beaumont, coupé en son centre par une avenue dessinée dans l'axe de la rue Legraverend, achevée en 1885. Le plan de 1880 est une variante de cette simple trame cruciforme qui dessine 4 îlots ; on y voit apparaître deux axes perpendiculaires qui relient le boulevard au canal, dans le prolongement de la rue Legraverend et de la rue d'Echange. A cette date, seule la partie comprise entre le boulevard et le canal fait l'objet d'un projet de trame, à l'ouest subsistent des parcelles agricoles (les fermes de la Touche et de la Fleuriais sont en activité jusqu'à 1914, la Grande Touche sera détruite en 1931). La rue de Coëtlogon, construite en 1895, par l'entrepreneur de Travaux Publics Emile Neirinck va jouer un rôle de limite avec le quartier voisin de Saint-Martin. Elle offre un nouvel accès au château devenu école d'agriculture.
L'acquisition des terrains destinés à la construction du nouvel hôpital à Pontchaillou, en 1884, la construction de la caserne, achevée en 1885, puis de la gare centrale des tramways départementaux, en 1897, renforcent la qualité d'un quartier essentiellement défini par des axes de grande communication : la voie ferrée, le boulevard, emprunté par la ligne de tramway, le canal. Avant la guerre de 14, on observe un processus d'agglomération spontané au niveau des noeuds : c'est à dire à proximité immédiate des carrefours entre le boulevard de Verdun, la rue du 41e RI et la rue de Coëtlogon. L'annuaire de 1884 ne mentionne que quatre maisons, dont deux entreprises industrielles : la fabrique de chandelles Rosetsky et l'entreprise de plâtrerie et de fonderie Hogrel.
Le plan d'extension de 1919 figure les premiers développements de la trame qui n'a pas bougé depuis 1880. Il poursuit les orientations prises 40 ans plus tôt, en se limitant à l'aménagement de la partie sud-est du quartier. La trame orthogonale au sud, qui rappelle celle adoptée au même moment dans le quartier de la rue de Dinan, précède celle plus complexe qui se dessine au nord de la caserne.
L'importance et la taille des parcelles agricoles, principalement loties entre les deux guerres, donnent à ce quartier une texture spécifique. Aux premiers lotissements implantés en bordure du boulevard, succèdent 9 autres lotissements ouverts entre 1925 et 1949, qui constituent le principal mode d'urbanisation du quartier.
Plusieurs lotissements sont réalisés par les mêmes promoteurs, en particulier MM. de Montcuit et Régnault.
On observe cependant l'implantation de deux autres édifices à vocation publique : l'école des filles construite rue Pierre Legrand, en 1937, et l'école des Mutilés, construite vers 1940, dans la proximité de l'hôpital Pontchaillou. En 1928, la Ville avait fait l'acquisition des terrains de la ferme de la Grande Touche pour y construire une nouvelle école pratique d'industrie (projet non réalisé) et y faire un jardin public.
Après la guerre, le programme de la reconstruction vient bouleverser la structure du quartier en introduisant des ensembles d'immeubles en rupture de gabarit et parfois aussi en rupture d'implantation. Ainsi, la Grande-Touche et l'emprise importante de la gare de tramway sont-elles affectées à la réalisation de programmes de logements sociaux.
Le boulevard Delattre de Tassigny, projeté à la fin des années 30, est aménagé au lendemain de la guerre. Contrairement au boulevard de Chézy, qui remplace, dès le début du siècle, la promenade située sur la rive opposée, les parcelles traversantes en bordure des berges du canal ne seront pas investies par les industriels. L'aménagement tardif du secteur le rend moins attractif. On constate cependant que plusieurs entrepreneurs s'installent dans le quartier où ils réalisent la majorité des constructions.
Cette seule trame de réseau de circulation a pour conséquence d'enfermer les lotissements irrigués par des voies secondaires, classées dans la voirie urbaine à partir de 1935, qui ne jouent qu'un rôle de desserte.
La typologie des maisons des lotissements, qui se caractérise par des logements économiques, aura une incidence sur celle du boulevard qui ne fait pas l'objet de contraintes édilitaires en rapport avec sa taille. Ces logements à bon marché sont diffusés par les entrepreneurs mais aussi par les architectes. La politique urbaine de l'après-guerre renforce un tissu fortement marqué par le logement social.